Tigres au Lion - now Down Under

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dimanche 6 février 2011

Tiger Moms

Il y a quelques mois, l’OCDE publiait les conclusions de son étude PISA, comparant les niveaux de connaissances et d’aptitude scolaires entre pays. Les derniers résultats consacraient la « suprématie des méthodes asiatiques » en primant la Corée du Sud, Singapour et Shanghai (pour cette dernière, une certaine partialité dans le choix d’écoles participantes est soupçonnée). Seule la Finlande semblait sauver l’honneur du monde occidental.
Les réactions varièrent de par le monde.
A Singapour, notre quotidien local se contenta modestement de surligner la place d’honneur de Singapour dans sa retranscription intégrale de l’article inquiet du New York Times sur le sujet.
En Belgique, les résultats affligeants de la Communauté Française (globalement en dessous de la moyenne OCDE et largement en-dessous de la Communauté Flamande) ont provoqué des réactions surréalistes de nos ministres qui se sont déclarés « satisfaits mais modestes » ( « Etude PISA: Simonet et Demotte satisfaits mais modestes », lire l'article ici).
Aux Etats-Unis, des résultats comparables à ceux de notre communauté (mais moins mauvais quand même) ont généré une réflexion bien plus profonde et une remise en cause quasi-paranoïaque de leurs méthodes et systèmes éducatifs. Différentes publications américaines furent le théâtre d’une joute verbale entre journalistes et experts. D’un côté, les admirateurs de la rigueur asiatique pourfendaient les loisirs abondants et les horaires laxistes de la scolarité américaine (les élèves américains passent en moyenne plus de temps devant la télévision qu’en classe). De l’autre, les patriotes trouvaient dans ces éléments la source même de la créativité et du talent américains, rappelant que le système chinois, accusé de bachotage, n’a produit aucun prix Nobel ni d’industriels réellement innovants. L’exode massif d’étudiants chinois vers les meilleures universités américaines semble, pour l’instant, accorder quelques points à ce dernier argument.
Selon un récent article du McKinsey Quarterly, la performance des systèmes singapourien, coréen et  finlandais repose essentiellement sur la qualité de la formation et de la sélection des enseignants, plutôt que sur des techniques particulières ou des quantités horaires de charge de travail.
Néanmoins, le débat devint culturel et médiatique lorsqu’une américaine d’origine chinoise, professeur à Yale, publia dans le Wall Street Journal l’article « Why Chinese mothers are superior » (lire l'article ici). Mme Chua y décrit comment la rigueur de l’éducation chinoise, dirigée par des choix parentaux stricts et une autorité sévère, produit des adultes plus confiants et plus « performants ». Elle confirme que ses filles, élevées aux Etats-Unis, n’ont jamais pu être invitées chez des amies, n’ont jamais pu participer aux fêtes ni aux spectacles d’écoles, ont été systématiquement poussées à l’excellence dans les branches « nobles » (mathématiques, langues, sciences), n’ont jamais pu choisir leurs activités extracurriculaires et ont, de force, appris à jouer du piano et du violon (tout autre instrument étant proscrit).

« For example, my Western friends who consider themselves strict make their children practice their instruments 30 minutes every day. An hour at most. For a Chinese mother, the first hour is the easy part. It's hours two and three that get tough. » 

Depuis, le débat faire rage et Time Magazine a consacré sa une aux « Tiger Moms » chinoises et aux craintes qu’elles suscitent (lire l'article ici).
« The tiger mother's cubs are being raised to rule the world, the book clearly implies, while the offspring of "weak-willed," "indulgent" Westerners are growing up ill equipped to compete in a fierce global marketplace.  » 

The Economist y répondit à  son tour dans son numéro de février en modérant la généralisation et les antagonismes orient-occident, sans prendre parti.

Confirmant l’importance du débat, le président Obama avait réaffirmé en décembre son objectif d’investir davantage dans l’éducation et avait déclaré que les Etats-Unis vivaient, dans ce domaine, un nouveau « Sputnik moment » :
« the humbling realization that another country is pulling ahead in a contest we'd become used to winning. » 

Ebranlés dans leur conviction de suprématie, les américains ne clôtureront pas le sujet de si tôt… Leur jeunesse est sans doute un peu oisive, mais également sportive et indépendante. Le tempérament américain, ambitieux et compétitif, démontrera à nouveau leur talent d’adaptation et leur sens du défi. Une chose est sure, ils ne se déclareront jamais « satisfaits mais modestes » dans la défaite. Thomas Jefferson, le troisième président américain, n’a-t-il pas dit « It is part of the American character to consider nothing as desperate - to surmount every difficulty by resolution and contrivance. » ?

De notre côté, s’il semble clair qu’encourager fermement ses enfants à maitriser une activité intellectuelle, culturelle ou sportive peut sublimer leur confiance en eux, notre observation superficielle des enfants singapouriens, qui sont gavés de DVD « éducatifs » depuis le berceau et assommés de lourds travaux à leur retour tardif de l’école, nous laisse dubitatifs...

même le lait en poudre utilise le développement
du QI comme argument principal de vente

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