Tigres au Lion - now Down Under

Tigres au Lion - now Down Under

lundi 21 février 2011

Bintan, premier essai

Les Singapouriens ont deux destinations de week-end favorites: Bangkok pour le shopping « pas cher » et Bintan pour le golf et le farniente.
Située à 48 km au sud-est de Singapour, Bintan est la plus grande des 3.200 îles de l’archipel indonésien de Riau.

La partie nord de l’île (la plus proche de Singapour), dédiée aux « resorts » de tous niveaux (incluant un Club Med), abrite une enfilade de terrains de golfs, apparemment célèbres. Au-delà du golf, les singapouriens (et les asiatiques en général) pratiquent à Bintan des activités disponibles chez eux: ils mangent au bord de la piscine, jouent à la Wii (à l’intérieur) et se prennent en photo. Etonnement, ils ne profitent pas des longues plages de sable fin ni de l’horizon marin vierge de navires, qui différencient tant Bintan de Singapour.
Néanmoins, même hors de la plage, le dépaysement est réel: la courte traversée en ferry (50 minutes) nous emmène dans un autre monde, immédiatement perceptible au débarquement. De l’activité frénétique et confinée de Singapour, on passe aux grands espaces bercés de lenteur indonésienne. Trois fois plus grande que Singapour, l’île de Bintan abrite 200.000 habitants, soit 20 fois moins que Singapour. On oublie aussi très vite la rigueur et l’organisation singapouriennes : les agents d'immigration indonésiens demandent des pourboires, les grandes valises contournent les portiques et scanners de sécurité sans autre forme de contrôle, et la contrefaçon a « pignon sur rue » dans le même bâtiment que la douane! Enfin, l'entrée en pays musulman signifie que l'alcool y est encore plus cher qu'à Singapour (dur dur, nous ne pensions pas que cela était possible).

Outre le plaisir de la découverte, Bintan fut pour nous le cadre idéal d’un calme week-end familial en compagnie d’amis belges de Singapour. Contrairement aux singapouriens, nous avons longuement goûté aux vagues provoquées par la mousson de saison et tenterons de revenir dans quelques mois quand la mer sera, paraît-il, plate comme un lac.
 
 

vendredi 18 février 2011

Belgische sfeer op B-Day

En l’honneur de l’anniversaire de l’instituteur, les enfants de la classe de Guillaume devaient aujourd’hui se rendre à l’école déguisés dans un costume commençant par “B” (pour B-day).
Les deux belges de la classe, Guillaume et son ami flamand, ont donc décidé de s’habiller en... belges !
 "Pays d'honneur ô Belgique ô Patrie !
Pour t'aimer tous nos cœurs sont unis.
À toi nos bras notre effort et notre vie.
C'est ton nom qu'on chante et qu'on bénit. [...]"

lundi 14 février 2011

Pinnacle

Au bout de notre promenade dans Chinatown, nous sommes arrivés au “Pinnacle @ Duxton”, le plus impressionnant HDB (immeuble de logement public, le “HLM” singapourien) récemment construit. Achevé en décembre 2009, le complexe abrite plus de 1800 appartements répartis dans 7 tours reliées entre elles par des ponts panoramiques aux 26ème et 50ème étages (qui seraient les plus longs jardins suspendus du monde). Son dessin résulte d’un concours international d’architecture (auquel 227 bureaux participèrent), une première dans le logement public.
 
 
Sur les terrasses successives du sommet, ouvertes au public, on apprécie les petits salons, les jardinets, un mur d’escalade et des vues époustouflantes.
 
Effet
"Leonardo dans Titanic"?
 
 
Qui voit-on au dessus des gratte-ciels ?

Des super-héros bien sûr !

Festivités du Lapin

Les deux semaines de festivités de Nouvel An chinois s’achèvent peu à peu.
Les Hong Bao (enveloppes rouges) sont distribués, les danses de Lion terminent leurs tournées, les articles saisonniers se soldent, et les fameuses salades « Lo Hei » ont été partagées.
Une danse du Lion, à même la rue, dans Chinatown
 
Fin de "Lo Hei" ou "pourquoi on préfère le faire au restaurant"
Contrairement aux autres traditions du Nouvel An chinois, cette dernière est une initiative locale, propre à Singapour et à la Malaisie. Invention commerciale des restaurateurs singapouriens dans les années ’60, la salade « Lo Hei » se compose de légumes finement effilés, de poisson cru et d’ingrédients variés portant chance et prospérité. Le cérémonial veut qu’une tablée fatigue la salade à l’unisson avec de grandes baguettes, en prononçant des vœux et en remontant les ingrédients le plus haut possible (« hei » signifie monter ou croître et le processus représente la croissance économique et l’abondance financière). Le but commercial des restaurateurs singapouriens est atteint : chacun participe à plusieurs dîners et déjeuners « Lo Hei », tant dans le cadre familial que dans le contexte professionnel, et les restaurants « chinois » ne désemplissent pas !
"Lo Hei" - photo empruntée
Concours entre plusieurs tables célébrant le "Lo Hei"
Nous profitons donc de nos dernières promenades pour goûter aux décorations de saison qui auront bientôt disparu.

 
Nous avons poussé jusque Chinatown pour admirer l’ambiance festive du centre névralgique chinois de la ville. Echappant tant que possible au flot habituel de touristes, nous avons cherché le « dépaysement au sein du dépaysement » dans les temples, le marché, et les contrastes.
Les grenouilles du marché chinois,
pr
êtes à être dégustées
 
 
Bien sûr, il fait chaud et, après un temps, la motivation n’est plus intacte…

dimanche 6 février 2011

Tiger Moms

Il y a quelques mois, l’OCDE publiait les conclusions de son étude PISA, comparant les niveaux de connaissances et d’aptitude scolaires entre pays. Les derniers résultats consacraient la « suprématie des méthodes asiatiques » en primant la Corée du Sud, Singapour et Shanghai (pour cette dernière, une certaine partialité dans le choix d’écoles participantes est soupçonnée). Seule la Finlande semblait sauver l’honneur du monde occidental.
Les réactions varièrent de par le monde.
A Singapour, notre quotidien local se contenta modestement de surligner la place d’honneur de Singapour dans sa retranscription intégrale de l’article inquiet du New York Times sur le sujet.
En Belgique, les résultats affligeants de la Communauté Française (globalement en dessous de la moyenne OCDE et largement en-dessous de la Communauté Flamande) ont provoqué des réactions surréalistes de nos ministres qui se sont déclarés « satisfaits mais modestes » ( « Etude PISA: Simonet et Demotte satisfaits mais modestes », lire l'article ici).
Aux Etats-Unis, des résultats comparables à ceux de notre communauté (mais moins mauvais quand même) ont généré une réflexion bien plus profonde et une remise en cause quasi-paranoïaque de leurs méthodes et systèmes éducatifs. Différentes publications américaines furent le théâtre d’une joute verbale entre journalistes et experts. D’un côté, les admirateurs de la rigueur asiatique pourfendaient les loisirs abondants et les horaires laxistes de la scolarité américaine (les élèves américains passent en moyenne plus de temps devant la télévision qu’en classe). De l’autre, les patriotes trouvaient dans ces éléments la source même de la créativité et du talent américains, rappelant que le système chinois, accusé de bachotage, n’a produit aucun prix Nobel ni d’industriels réellement innovants. L’exode massif d’étudiants chinois vers les meilleures universités américaines semble, pour l’instant, accorder quelques points à ce dernier argument.
Selon un récent article du McKinsey Quarterly, la performance des systèmes singapourien, coréen et  finlandais repose essentiellement sur la qualité de la formation et de la sélection des enseignants, plutôt que sur des techniques particulières ou des quantités horaires de charge de travail.
Néanmoins, le débat devint culturel et médiatique lorsqu’une américaine d’origine chinoise, professeur à Yale, publia dans le Wall Street Journal l’article « Why Chinese mothers are superior » (lire l'article ici). Mme Chua y décrit comment la rigueur de l’éducation chinoise, dirigée par des choix parentaux stricts et une autorité sévère, produit des adultes plus confiants et plus « performants ». Elle confirme que ses filles, élevées aux Etats-Unis, n’ont jamais pu être invitées chez des amies, n’ont jamais pu participer aux fêtes ni aux spectacles d’écoles, ont été systématiquement poussées à l’excellence dans les branches « nobles » (mathématiques, langues, sciences), n’ont jamais pu choisir leurs activités extracurriculaires et ont, de force, appris à jouer du piano et du violon (tout autre instrument étant proscrit).

« For example, my Western friends who consider themselves strict make their children practice their instruments 30 minutes every day. An hour at most. For a Chinese mother, the first hour is the easy part. It's hours two and three that get tough. » 

Depuis, le débat faire rage et Time Magazine a consacré sa une aux « Tiger Moms » chinoises et aux craintes qu’elles suscitent (lire l'article ici).
« The tiger mother's cubs are being raised to rule the world, the book clearly implies, while the offspring of "weak-willed," "indulgent" Westerners are growing up ill equipped to compete in a fierce global marketplace.  » 

The Economist y répondit à  son tour dans son numéro de février en modérant la généralisation et les antagonismes orient-occident, sans prendre parti.

Confirmant l’importance du débat, le président Obama avait réaffirmé en décembre son objectif d’investir davantage dans l’éducation et avait déclaré que les Etats-Unis vivaient, dans ce domaine, un nouveau « Sputnik moment » :
« the humbling realization that another country is pulling ahead in a contest we'd become used to winning. » 

Ebranlés dans leur conviction de suprématie, les américains ne clôtureront pas le sujet de si tôt… Leur jeunesse est sans doute un peu oisive, mais également sportive et indépendante. Le tempérament américain, ambitieux et compétitif, démontrera à nouveau leur talent d’adaptation et leur sens du défi. Une chose est sure, ils ne se déclareront jamais « satisfaits mais modestes » dans la défaite. Thomas Jefferson, le troisième président américain, n’a-t-il pas dit « It is part of the American character to consider nothing as desperate - to surmount every difficulty by resolution and contrivance. » ?

De notre côté, s’il semble clair qu’encourager fermement ses enfants à maitriser une activité intellectuelle, culturelle ou sportive peut sublimer leur confiance en eux, notre observation superficielle des enfants singapouriens, qui sont gavés de DVD « éducatifs » depuis le berceau et assommés de lourds travaux à leur retour tardif de l’école, nous laisse dubitatifs...

même le lait en poudre utilise le développement
du QI comme argument principal de vente

Lion Dance

Ce samedi, le « Hollandse Club » nous a offert l’occasion d’assister à une Lion Dance, plus commerciale que traditionnelle dans cette représentation sur commande au sein d'un club d'expat, mais nous avons aimé en découvrir le concept.
La danse du lion, effectuée par deux hommes animant un grand déguisement stylisé, est une tradition chinoise qui apporte chance et prospérité en chassant les mauvais esprits. Ces danses se multiplient autour du Nouvel An chinois, dans la rue, les immeubles, les commerces et les bureaux afin de commencer l’année sous les meilleurs auspices.
Conformément au rituel traditionnel,
le lion « mange » une salade pendue
au plafond (et « recrache » les feuilles)
 Ensuite, il « mange » les oranges laissées à son
intention (puis « recrache » les pelures)…
…et laisse les quartiers dans
un arrangement symbolique
Au Hollandse Club, le lion dut s'y reprendre à deux fois pour laisser derrière lui son symbolique arrangement de quartiers d'orange car les enfants se sont rués sur la premiere offrande, pensant à une surprise à leur intention (au grand dam des employés et organisateurs chinois effrayés par ce sacrilège)!
En prime, nous avons eu droit à une danse du dragon,
symbole de puissance,
également typique du Nouvel An