Tigres au Lion - now Down Under

Tigres au Lion - now Down Under

mardi 26 février 2013

Don’t cry for me Belgian diplomacy

On aime beaucoup la Belgique. Vraiment. Même si on donne faussement l’impression de la fuir. Nos enfants, eux, l'adorent et en sont extrêmement fiers, comme nous l'avons déjà répété à maintes reprises.


La présence diplomatique belge à Singapour, par contre, on l'aime moins.

D’abord, pour commencer soft, il y les jours de fermeture de l’ambassade qui combinent les jours fériés singapouriens ET les jours fériés belges (c’est pas une blague). Franchement, pourquoi? Qui d’autre glande à Singapour les jours de l’Armistice, de la Pentecôte, de l’Ascension, de la fête du Roi (et j’en passe)?

Ensuite, il y a la fête du Roi justement qui, chaque année, snobe une bonne part de la communauté belge et transforme donc en une frustration vexatoire la belle idée patriotique de nous réunir une fois par an. Pourtant, le partage convivial, dans une salle d’hôtel chichement décorée, de bières offertes par AB-Inbev semble suffisamment basique pour que l’ambassade ne doive pas recourir à un tirage au sort mystérieux (aux résultats suspects) pour sélectionner ses invités parmi l’énoooorme communauté belge de Singapour.
Si, en plus, après sa petite kermesse, l’ambassadeur utilise la gazette de l’association belge pour réprimander comme un caporal-chef les quelques monarchistes un peu éméchés qui ont joué avec les mini-drapeaux de son excellence, la célébration royale perd vraiment tout son sens (N.B. c'était pas nous!).

Enfin, il y a toutes ces petites interactions qui se révèlent systématiquement décevantes alors qu’elles représentent notre seul lien officiel avec la patrie.

On avait un peu râlé quand l'ambassadeur avait barricadé verrouillé sa villa de fonction et observé, de loin depuis son salon climatisé, quelques familles du peuple belge cramer et transpirer à grosses gouttes autour d'œufs de Pâques dans son jardin plombé de soleil (et équipé de toilettes de chantier infréquentables dans la fournaise). 

On avait difficilement accepté le surréalisme de notre diplomatie devenue monolingue quand une employée néerlandophone de l'ambassade avait dû appeler une collègue singapourienne à la rescousse pour répondre en français (impeccable ceci dit) à une question routinière. 

Nous n'avons même plus essayé de comprendre notre farce force diplomatique ce matin quand la même employée a fait semblant de s'affairer bien loin du guichet pendant 20 minutes avant de saluer Sophie en anglais (derrière son panneau "Ici, on vous sert en français - Hier bedienen wij u in het Nederlands") et de lui expliquer, sans sympathie ni honte, que les renouvellements de passeports, malgré leur prix significatif, ne se paient qu'en cash (pourquoi pas en petits coupures usagées aussi?).

Avouons-le, quand les douanes indonésiennes nous font poireauter dans une file foireuse pour un cachet bidon à payer cash, l'une ou l'autre pensée irrespectueuse ("%&?!!&*^$% d'apparatchiks corrompus") nous traversent vaguement l'esprit (surtout Cédric). Cela ne nous arrivera plus, c'est promis.

Vous l'avez compris: on s'est déjà déplacé pour rien à l'ambassade, on a fait une insolation à l'ombre de toilettes de chantier à Pâques (il y a deux ans), on n'est pas toujours invité à la fête du Roi, on n'est pas très patient dans les files et, comme les belges restés au pays, on aime bien se plaindre de l'administration!

Vive le Roi!

mardi 19 février 2013

Nouveau nouvel an, nouveau congé

Sans projets particuliers pour la semaine de vacances du nouvel an chinois, nous avons puisé dans le répertoire des excursions locales classiques. Vu le timing, nous y avons côtoyé la foule de touristes chinois qui déferlent sur Singapour pour leur congé annuel principal.

Gardens by the Bay
B
ien qu’inachevé, le nouveau jardin botanique Gardens by the Bay fait tourner la planche à tickets depuis un bout de temps déjà. Les deux serres, pourtant spectaculaires de l’extérieur, gaspillent un peu leur riche contenu v
égétal à cause de supports didactiques pauvres et confus. Le mécanisme de leur climatisation écologique demeure aussi vague et nébuleux que les leçons de climatologie projetées à la sortie! Les Super Trees, qui deviendront plus gracieux lorsque la végétation prévue les couvrira entièrement, offrent des vues panoramiques nouvelles (même si ce n’est pas ce qui manque à Singapour) et, bien sûr, des restaurants «rooftop» (même si ce n’est pas ce qui manque à Singapour). L’ensemble impressionne et ne cache pas le milliard d’euros investis. Comme souvent à Singapour, la qualité du concept et de l’architecture est irréprochable. Comme souvent à Singapour, les boutiques, les coins à photos kitsches et les restaurants pourraient se cacher un peu plus (c’est un jardin botanique oui ou non?). En conclusion, le site vaut certainement le détour mais le visiteur curieux regrettera sans doute que le divertissement ait tant dominé la didactique.


 



 



 











Legoland
En fin de semaine, quand la plupart des bureaux et écoles reprenaient leurs activités, Sophie et les enfants ont rejoint Legoland, juste de l’autre côté de la frontière. Apparemment, la combinaison astucieuse de montagnes russes, de jeux interactifs et de monuments miniatures était tellement bien «qu’il faut vite y retourner avec papa», un gage de qualité.



pose "nerd"
Pour changer, le noir-jaune-rouge
revient à la charge
...















Dans la cité miniature, les enfants ont reconnu sans peine les reconstitutions d’Angkor Vat et de Tanah Lot. Ils ont par là involontairement avoué qu’ils avaient retenu quelque chose de nos voyages culturels, malgré leurs gémissements plaintifs et leur douloureuse «overdose de temples».

Tanah Lot - Bali
Notre ancien quartier de Singapour


L’ambiance festive et familiale du nouvel an fait maintenant place aux danses du lion qui chasseront les mauvais esprits pendant quelques semaines encore (voir ici et ici nos billets sur le sujet l'an dernier).



Avant de tourner la page, nous laissons deux vidéos pour partager les derniers arômes de nouvel an chinois:
- une publicité qui, dans le style Super Bowl, surfe sur l’ambiance de saison
- la performance des champions du monde de danse du lion (les plus impatients peuvent commencer à la 5ème minute)

mardi 12 février 2013

Bye bye Dragon, welcome Snake!

Pour la seule fois de l’année, un silence inédit couvre la ville, les volets de boutiques restent tous fermés, et les poubelles débordent du nettoyage rituel. Seules quelques familles circulent dans la rue, toutes de rouge vêtues et chargées de plats traditionnels cuisinés pendant toute la semaine. Le long week-end du Nouvel An Chinois se consacre exclusivement aux retrouvailles familiales, dans la convivialité des domiciles. Dans les semaines qui viennent, les restaurants prendront le relais pour les multiples célébrations corporate.


Moins prospère que le dragon de 2012, le serpent ne s’affiche pas autant que son illustre prédécesseur dans les festivités et les décorations (voir ici le Lapin de 2011). Néanmoins, la présence d’un serpent dans la famille garantirait l’abondance de nourriture (merci Guillaume!).


Si nous n’avons pas recouru aux vêtements neufs recommandés, nous avons quand même porté du rouge. Puis, avec les cousins et avec les incantations de circonstance, nous avons fatigué la salade Lo Hei aux 27 ingrédients* de prospérité (merci encore Louis!).

Comme il se doit, nous avons aussi répandu la chance sur toute la table

* le saumon pour recevoir de bonnes nouvelles toute l’année, la sauce de prune pour la richesse, les crackers pour l’or, les graines de sésame pour une entreprise florissante, des cacahuètes concassées pour une maison pleine d’or et d’argent, de l’huile répandue pour encourager l’argent à circuler dans toutes les directions, etc.

mardi 5 février 2013

Melbourne

Le tour du monde des interviews continue. Dommage que ce ne soit pas un vrai métier, c'est presque plus intéressant que travailler (ce qui rime presqu'en alexandrins). Si Singapour nous paraît parfois éloigné de nos racines, Melbourne c'est carrément le bout du monde (ou presque)! Terminer la semaine par une nuit dans l'avion et une journée d'interviews donne alors un sens nouveau au mot week-end. Heureusement, l’extrême cool-attitude australienne*, qui surprend un peu au départ, rend le défi plus supportable. La qualité de vie dans les grandes villes du pays n’est peut-être pas étrangère à cette bonne humeur contagieuse**. En tous cas, l’Australie est certainement le seul pays du monde où les agents d’immigration à l’aéroport sont courtois (déjà pas mal), souriants (presque incroyable) et même un tantinet causant (du jamais vu).

A part
ça, Melbourne porte la réputation un peu stéréotypée de ville «européenne», sans doute en raison de sa bienveillance envers les piétons et les cyclistes, de sa population très cosmopolite, de ses trams au style «côte belge», de son centre vivant et convivial, et peut-être aussi à cause de sa segmentation théorique très occidentale: à l’est c’est chic (forcément, le long de la mer…), à l’ouest ça craint (avec des images plus ou moins colorées en fonction des interlocuteurs) et au sud c’est la bohème (reste à voir la définition australienne de bohème).


Pourtant, les grands espaces, les larges avenues, les grosses voitures, les bâtiments «historiques» du siècle passé et les rues bien parallèles rappellent plutôt les Etats-Unis, avec un côté Chicago-esque (la qualité de l'architecture en moins, le climat «tempéré» en plus). 


En réalité, la propension de Melbourne s'oriente résolument vers la détente, avec deux spécialités: la restauration et le sport. Les bars et restaurants, pourtant très variés, semblent, par endroits, tout juste satisfaire la soif réputée des australiens. Mais, dès le samedi matin, le sport apparaît partout: avirons sur la rivière, kites à la plage, tennis et cricket dans les parcs publics, vélo et jogging le long de la côte. En plus des sports d’extérieurs, les salles de gym gardent une popularité certaine, confirmée par les nombreux «Monsieur Propre» croisés en rue (et en interview). Côté spectateurs, à quelques semaines près, le voyage se combinait avec le tournoi du Grand Chelem ou avec le Grand Prix. Elle est pas belle la vi(ll)e?






 











* Dédicace spéciale à Maureen pour le "He just smiled and gave me a vegemite sandwich"
** Melbourne domine le classement des «most livable cities» de l’Economist Intelligence Unit; l’Australie y place même 4 villes dans le top-10 (Melbourne, Adelaide, Sydney, Perth).
Mercer classe les 4 mêmes villes dans le top-20 de son «Quality of Living survey».