Tigres au Lion - now Down Under

Tigres au Lion - now Down Under

mercredi 28 novembre 2012

Le bon gréviste et le mauvais gréviste

Les chauffeurs de bus chinois de Singapour monopolisent l’actualité depuis deux jours. Lundi, une centaine d’entre eux a refusé de travailler; mardi, 60 grévistes ont poursuivi le mouvement. Venus exercer un métier que les singapouriens dédaignent, ces chauffeurs logent en dortoirs aux extrémités de l’île. Ils gagnent moins que leurs collègues venus de Malaisie (qui eux-mêmes gagnent moins que les chauffeurs singapouriens). Leur requête suit une logique mystérieuse mais semble recevable: ils accepteraient de gagner moins que les chauffeurs singapouriens mais pas moins que les malais!





















Ce mouvement de rebellion anecdotique a peu perturbé le service public. Nous étions bien loin des mouvements paralysants qui nous amusent quand ils sont français et nous frustrent quand ils sont belges (wallons?). Néanmoins, le fil de l’info ne couvre que ça, presque d’heure en heure. Un cordon policier surveille en permanence les grévistes et leurs dortoirs. Le ministre des transports a condamné la grève puis confirmé son illégalité, avec la bénédiction du syndicat unique.


La raison de cette médiatisation est double: Singapour n’avait plus connu de grève depuis 25 ans et, en plus, les grévistes sont étrangers (nous avions abordé la polémique de l’immigration ici et ici). Le côté historique de la grève n’est pas vraiment étonnant: les manifestations sont interdites et les droits de représentation des syndicats très limités (pour favoriser «un discours constructif direct entre les intervenants»). Par contre, dans le flot d'«informations», impossible de trouver un avis indépendant et argumenté sur la cause des chauffeurs qui, somme toute, nous paraît juste… à nous qui venons d’un autre monde…

lundi 26 novembre 2012

Clash of continents

Le tennis professionnel continue sa poussée un peu laborieuse sur le marché singapourien. Après les stars féminines l’an dernier (c’était ici), quatre illustres joueurs du top-20 animaient une exhibition ce week-end.

Pour dynamiser l’engouement timide, les organisateurs ont sorti un marketing accrocheur avec le concept de Clash of Continents (quatre joueurs représentant chacun un continent) et ajouté, en bonus, un match racoleur entre la star chinoise Peng et la très photogénique Hantuchova. 



La saison finie, les joueurs en mal de vacances ne se déplacent plus pour la gloire, les points ATP ou les trophées, mais uniquement pour l’argent (que l’exhibition singapourienne distribue très généreusement). Ils sont fatigués et peu appliqués mais aussi plus détendus et plus fantasques. Cela suffit amplement au public singapourien qui n’est pas très concentré non plus. Les écrans d’iPad reçoivent plus d’attention que la balle jaune, les enfants s'appliquent dans leurs gros cahiers d’arithmétique pendant les matches pour gagner quelques heures de sommeil, certains parents rattrapent eux-mêmes du sommeil en retard et la logistique du ravitaillement alimentaire crée un trafic désordonné constant. En effet, la phobie très singapourienne de la fringale incite même des comportements rebelles inavouables: au cas où les snacks du stade ne suffisaient pas, des pique-niques passent en contrebande, tartines dans les poches pour les plus radins, sacs de McDo planqués dans le Vuitton pour les autres. 


dimanche 25 novembre 2012

ANZA scouts

En marge de la visite du Prince Philippe en Australie, les scouts australiens de Singapour ont officiellement intronisé Guillaume. 


Après quelques réunions comme aspirant, il a "prêté serment" ce week-end, puis reçu son foulard et ses écussons. On vous avait promis une photo dans notre diatribe sur l’ANZA (c’était ici), la voici!

jeudi 15 novembre 2012

Guillaume a 11 ans

A onze ans, la personnalité de Guillaume s’affirme et son caractère se précise. Les cadeaux venus de loin confirment ses passions qui se stabilisent: le foot, la lecture, la construction de maquettes/légos, et le «multimédia» (internet –Youtube en particulier– est devenu presque vital). Sensible et fier de ses racines, Guillaume souffre de vivre si loin de la Belgique mais, indépendant et débrouillard, il s’intéresse au monde, choisit de rejoindre les scouts australiens, et trépigne de fréquenter une «vraie» école internationale pour enfin abandonner les hollandais, le néerlandais et la culture batave (plus que 7 mois, Guillaume).

Hegel (que nous n’avons pas lu mais trouvé sur internet) a dit «l'adolescent est l'être qui blâme, qui s'indigne, qui méprise». Guillaume commence à nous l’illustrer par des opinions tranchées, des avis arrêtés et une impatience révoltée face aux inefficiences du monde adulte. Par contre, l’adolescence amène aussi de la maturité et de la légèreté. Guillaume apprécie les conversations calmes de chaque moment exclusif avec ses parents. Toujours bon public, Guillaume ne se lasse pas de découvrir de nouvelles inspirations pour son rire généreux. Après l’humour salace adulte de Charlie Sheen dans les épisodes de «Two and a half men», il déguste les vieux sketches des Inconnus avec la même ferveur que ses parents!

A onze ans, les célébrations d’anniversaires renient les chasses aux trésors, les jeux de pistes, les bougies colorées et les matches de foot. Guillaume a voulu un «sleepover», des pizzas et des DVDs. Heureusement, à l’aube de l’adolescence, on sait encore un peu jouer et l'esplanade du coin v
écut quand même une reconstitution de la bataille de Stalingrad au «Nerf gun».



Bon anniversaire Guillaume!

mardi 13 novembre 2012

Bukit Tinggi Friendship Day

La semaine dernière, les quatre écoles internationales de la Bukit Tinggi Road transcendaient leurs bonnes relations de voisinage pour monter une activité commune. Mardi dernier, plutôt que d’assister aux cours habituels, les enfants de 11 ans des écoles suisse, allemande, hollandaise et coréenne se mélangeaient en équipes internationales pour accomplir les épreuves du Bukit Tinggi Friendship Day.


Les différentes activités ludiques devaient leur enseigner des notions élémentaires de géopolitique et approfondir leur ouverture internationale. Apparemment, les enfants ont surtout découvert l’universalité du rire. En effet, tout est possible à Singapour, même l’école suisse a fait preuve d’humour: l’activité déballage de chocolat (mou) avec des moufles a rappelé de bons souvenirs à certains et amusé tout le monde. Encore plus forte, l’école coréenne inventait l’épreuve la plus cool en exigeant des nouvelles chorégraphies sur Gangnam Style, le tube de l’été venu de Corée dont le clip (parodiant la jeunesse dorée coréenne et le quartier branché de Gangnam) a déjà inspiré plusieurs imitations célèbres (dont celle sur Mitt Romney), a été vu 700 millions de fois sur Youtube et y a battu le record historique de «likes».

Bien sûr, les écoles ont aussi imposé quelques exercices plus académiques sur le thème des quatre pays mais le Bukit Tinggi Friendship Day demeura malgré tout beaucoup plus populaire qu’un mardi classique!


mardi 6 novembre 2012

On the road again

En quête (d’un peu) d’espace et de calme, nous avons quitté ce week-end le cœur commercial de Singapour pour rejoindre le quartier proche mais plus récréatif et moins dense de Holland Village (cela ne s’invente pas).


Cela nous permet de maintenir notre rythme de croisière (6ème résidence en 14 ans de mariage –en ayant «traîné» 5 ans dans la première–) et de poursuivre notre étude du métier de déménageur (les belges qui ont envoyé nos affaires à Singapour gagnent la triple palme de l’incompétence, de l’antipathie et de la cherté! On leur en veut toujours, ca se voit?). L’époque où les copains venaient porter une poignée de meubles et une dizaine de caisses en échange de bières et de baguettes est malheureusement bien révolue (on vieillit: on accumule plus qu’on élimine!). Cette fois, nous avions choisi une équipe de déménageurs singapouriens-chinois sympathiques, rigolards, et bienveillants sous leurs airs de ‘cowboys’ pressés. Ils nous ont offert un regard amusant sur notre vie d’européens qui leur paraît tellement spéciale:

-   Notre télévision, dont la taille semblait plus qu’honorable en Belgique, a été étiquetée «small TV»; ils se demandent toujours où viendront les 2 ou 3 «vraies» télés du foyer.
-   Corollaire de la «petite» télévision, la tonne de livres les a encore davantage surpris (et un peu fatigués): «So many books lah, this is a library!».
-   Les vélos des grands enfants, tellement inhabituels (et d’ailleurs inutiles à Singapour), ont carrément été oubliés sur le parking de l’ancienne résidence.


A notre installation à Singapour, les déménageurs indiens nous avaient impressionnés en faisant tout pieds nus (même porter des meubles lourds et acérés). Nous avons maintenant découvert l’équivalent chinois: tout en tongs, avec la délicate habileté de chaque fois reposer les tongs à l’entrée de l’appartement (qui est pourtant dégueulasse et inhabité) sans lâcher le meuble porté. Aussi, même si nous connaissions le côté «cash» assez typique des chinois, on ne s’attendait pas à entendre chaque membre de l’équipe nous demander tour-à-tour les loyers précis des deux appartements…

Enfin, ces deux jours de coopération nous ont permis d’enrichir notre Singlish. Nous connaissions bien sûr le «lah» classique de fin de phrase (équivalent du «quoi» chez les Chtis), nous maîtrisions les «leftaaah», «rightaaah» et «straightaaah» pour diriger les taxis, mais nous ignorions le «fragila» pour les objets vraiment fragiles!