Tigres au Lion - now Down Under

Tigres au Lion - now Down Under

lundi 21 mars 2011

School feest

Ce week-end, la Hollandse School de Singapour fêtait ses 90 ans. Notre dimanche s’est teinté d’orange et nous avons continué notre immersion dans la culture néerlandaise.

 










Conformément à sa promesse de décembre et à son statut de pilier culturel hollandais, Saint-Nicolas y est apparu en plein mois de mars, avec sa mitre et sa lourde cape, par 35 degrés ! 

Saint Nicolas en mars...
Le meester d'Aurélien toujours à l'accordéon
Sous le haut patronage (inévitable) de Heineken, la fête fut essentiellement une vaste kermesse (sans surprise), agrémentée de quelques touches historiques (les instituteurs et institutrices de 1921 devaient être de réels aventuriers) et parsemée d’occasions de récolter des fonds pour un nébuleux « goede doel » (un mélange aux proportions secrètes : aide au Japon, soutien à diverses œuvres et remplissage des caisses de l’école).
La gentille madame Heineken qui dut répondre poliment
tout l’après-midi à la minorité belge demandant
systématiquement s’il n’était vraiment pas possible
d’avoir plutôt une Tiger Beer …
Ingénieux et méthodiques, les hollandais ont fait mentir leur réputation de pingrerie lors d’une originale vente aux enchères d’œuvres d’enfants (une peinture par classe sur le thème de l’anniversaire de l’école), intelligemment orchestrée à proximité du bar, après consommation de plusieurs fûts. Le clou de l’événement fut une œuvre de 6ème primaire, adjugée 750 SGD (440 EUR). Les mauvaises langues (dont les nôtres) ont suggéré que la peinture se retrouverait, en frais professionnels, dans un bureau d’ING ou d’ABN-AMRO dès lundi… Quel vilain cynisme belge !

Enfance blasée

A l'heure de la promenade dominicale, Cédric reste le seul habitant de Singapour à encore s’émerveiller devant les stars du parc automobile local.
20.03.2011 - 14h23 - Lamborghini Murcielago

Cédric : « Hé les garçons, regardez vite, la Lamborghini au feu rouge ! »

Guillaume : « Ah, oui... »
(sur le ton de « c’est pour ca que tu m’interromps quand je parle à Maman ? »)

Aurélien : « On a vu la même en orange hier »

Hadrien : «  A Singapour, tout le monde a une Lamborghini »


Une minute plus tard...
Cédric : « Hé, c’est dingue, les garç… non rien… »

20.03.2011 - 14h24 - Ferrari F599

Bruxelles la belle

Pour compenser, avec une miette d’objectivité, le billet un peu énervé « Belgium from a distance » (et placer un petit cocorico discret), nous divulguons le classement 2010 « Quality of living » publié par la firme Mercer (une référence dans le conseil en ressources humaines dont les analyses servent de base au calcul des primes d’expatriation).
Le classement, basé sur des considérations de bien-être général (sécurité, éducation, hygiène, soins de santé, culture, environnent, loisirs, stabilité politico-économique et transports publics), place Bruxelles à une très honorable 15ème place, loin devant Singapour (28) et Chicago (45), deux villes qui nous ont tant émerveillés.

Comme ca, c’est dit !

mercredi 16 mars 2011

Double visite

En ce mois de mars, nous avons le plaisir d’accueillir Granny et Bon-Papa à deux occasions, avant et après leurs vacances balinaises. Pour leur première semaine ici, ils ont découvert les activités typiques de notre vie singapourienne.

Nous avons passé du temps à la piscine, mangé au « food court », pris le métro, suivi la rivière, et traversé des centre commerciaux.
trois enfants,
un bras de papa,
un bras de maman,
le compte est là,
on est tous dedans!

Outre le côté récréatif de Singapour, nous avons aussi montré le bureau DHL (pour y admirer la vue)…
Côté scolaire, Granny et Bon-Papa ont pratiqué leur meilleur néerlandais avec les « meesters » de Guillaume et Aurélien durant la visite de l’école.
A la découverte des spécialités culinaires locales, Granny a dégusté une crêpe au durian (et s’en souviendra !).
Enfin, entre les activités de ce programme imposé, ils ont aussi pris le temps de découvrir les quatre coins de la ville en duo.

mardi 15 mars 2011

Japon


Après les bombes en Corée du Sud  (novembre), les inondations de janvier ravageant la côte est de l’Australie (sur une surface correspondant à la France et l’Allemagne combinées), le tremblement de terre détruisant la ville de Christchurch en Nouvelle Zélande (février), une nouvelle tragédie, plus meurtrière que les trois autres réunies, frappe le Japon. Les grandes nations développées du Pacifique souffrent de maux que l’on avait presque oubliés…
Comble de l’horreur, ce tremblement de terre ne serait pas l'effrayante secousse dévastatrice que les sismologues prévoient à Tokyo depuis des années.


Save The Children

Dans ce malheur, ne manquons pas de noter l’opportunisme odieux et déplacé de certains politiciens belges (essentiellement écolos) qui saisissent immédiatement "l'occasion" pour pousser leur agenda de sortie du nucléaire (dans un contexte qui, en plus, n’a rien à voir, nos centrales n’étant pas construites à la frontière de plaques tectoniques). Leur énergie ne serait-elle pas mieux allouée à la mobilisation d’une aide internationale au Japon?

Sentosa Garden Brunch

Les hôtels de Singapour ont adapté avec succès la tradition du « Sunday brunch ». Proposé tous les dimanches à l’heure du lunch (12h tapantes), leur concept gastronomique se compose de buffets de délices variés, alternant diverses cuisines du monde et couvrant avec abondance le sucré et le salé. Assorti de l’option (certes un peu onéreuse mais néanmoins très populaire) « champagne à volonté », le concept devient même un peu décadent (mais économiquement très rationnel pour ceux qui boivent vite et bien !). Certains hôtels organisent, en plus, des activités annexes pour les enfants afin d’offrir aux parents quelques instants de volupté presqu’indécents… Avouons-le tout de suite, nous en avons déjà testés quelques uns, certains avec l’option bibitive, certains avec activités pour les enfants, et, à une occasion, avec les deux (hum)!

Ce week-end, nous explorions, avec des amis belges et leurs enfants, le concept dérivé du « Garden brunch » à Sentosa. L’hôtel balnéaire de l’endroit y propose un brunch au bord de l’eau comprenant l’accès familial à la méga-piscine de l’établissement. Bercés par le clapotis des vagues et caressés par la brise marine, nous ignorions presque la vue des raffineries et les trépignements des enfants (qui questionnent franchement l’attrait de la partie restauration)…


vendredi 11 mars 2011

Belgium from a distance

Vivre l’actualité de son pays à distance (et en décalage horaire) procure un certain recul qui force la réflexion personnelle et aiguise le sens critique. D’un coté, les multiples avis et éclairages de l’entourage quotidien ont disparu ; de l’autre, la comparaison avec les mœurs et l’actualité du nouveau pays sont inévitables.

En quittant la Belgique, nous étions soulagés de laisser derrière nous la couverture médiatique répétitive de la crise politique. Au début, les échecs de notre démocratie acéphale restaient dans l’intimité européenne, ne provoquant moqueries et sarcasmes que chez nos voisins directs (et encore, sans les Hollandais qui, pour une fois, se devaient de la boucler). Cachés en Asie, nous avons donc courageusement fait l’autruche pendant quelques mois, oubliant le concept même des questions communautaires. Malheureusement, le franchissement d’une prétendue balise record (il faudra néanmoins attendre le cap des 289 jours pour battre…l’Iraq… voir le décompte ici), la sortie d’un professeur de Harvard conseillant un médiateur étranger (comme en Somalie… le même qu’en Somalie d’ailleurs) et, surtout, la mention par Vladimir Poutine de notre pays comme exemple des dérives de la démocratie, ont internationalisé notre honte. Même à Singapour, on sait maintenant que la Belgique est digne de son ancienne colonie en termes d’aptitude à s’autogouverner (pourtant, les singapouriens ne savent vraiment rien de la Belgique : contrairement aux « incultes américains », ils ne font même pas le lien avec le chocolat et la bière).

Au-delà de la triste ritournelle politique, les faits divers (sportifs) quotidiens lus de loin semblent parfois aussi indiquer le cercle vicieux dans lequel la Belgique se retrouve (« à l’insu de son plein gré »?).

Récemment, l’accueil des vedettes de la « dream team » espagnole de tennis pour le premier tour de Coupe Davis devait être une célébration de notre place en première division mondiale, gagnée de haute lutte en Australie. Au contraire, on gâcha l’événement par une organisation nonchalante sur fond de disputes intestines généreusement relayées par une presse peu constructive. Quelques jours avant l’événement, les joueurs annonçaient que la surface installée au Spiroudome de Charleroi ne correspondait pas à celle qu’ils avaient choisie et se révélait beaucoup trop lente (exactement ce qu’ils voulaient éviter face à l’Espagne). Même en Belgique surréaliste, on peine à comprendre comment une erreur pareille peut se produire à ce niveau. Néanmoins, cela devait arriver un jour avec notre alternance ridicule « 1 match en Flandre, 1 match en Wallonie » (la surface choisie existait à Bree mais devait être répliquée dans une salle de basket à Charleroi)*. Bref, non contente d’installer une surface favorable au jeu de nos adversaires (quel fairplay), l’organisation a parachevé son humiliation par un black-out électrique qui plongea le stade dans le noir pendant 20 minutes du troisième match officiel, une situation que seuls les pays à la fois en guerre et en voie de développement connaissent. Entretemps, l’équipe ajouta sa touche de folklore via une dispute médiatique provoquée par la non-sélection d’Olivier Rochus (héros de la victoire australienne), ponctuée d’interviews vengeurs de son frère (dont le ton souvent frustré et jaloux de retraité du tennis ne devrait plus l’autoriser à faire la une). Comble du surréalisme belge, la polémique provenait d’un problème de « contre-népotisme », le capitaine de l’équipe nationale et l’entraineur personnel de Rochus étant la même personne (ne peut-on vraiment pas se payer un vrai capitaine ?)  !
Le Spiroudome dans le noir
Dans le registre footballistique, le transfert du meilleur joueur de Belgique (double Soulier d’Or) au club de Grozny (oui, en Tchétchénie) relève lui aussi du camouflet pour notre pays moderne, ouvert sur le monde, et stratégiquement placé en Europe. La question de la gestion de carrière n’appartient qu’au joueur et, quelque part, on peut même admirer son courage de quitter le cocon familier pour rejoindre une contrée aussi hostile (même si c’est pour y gagner une fortune). Malgré cela, on ne peut éviter le constat humiliant. Un sportif de haut niveau, disposant chez nous des meilleures infrastructures sportives et médicales (selon nous), reconnu et apprécié dans le pays, intégré à la communauté bruxelloise, proche de ses origines hollando-marocaines, et extrêmement bien rémunéré (une million d’euros nets par an) préfère, « pour quelques dollars de plus » (trois fois plus d’euros en fait) rejoindre une région recluse, rurale, instable, mafieuse et, surtout, sportivement insignifiante (pour l’instant).

A bien y réfléchir, le joueur fuit peut-être la gestion farfelue de notre Union Belge de football qui sera bientôt dirigée, en toute logique, par l’ancien capitaine des équipes belges de tennis (qui fut capitaine sans avoir jamais été sportif de haut niveau, c’est encore logique). Non contente d’avoir inventé le seul championnat en Europe où le premier classé n’est pas nécessairement déclaré champion, l’Union Belge a peaufiné le système en y incluant des résultats pondérés d’années antérieures pour nous attirer, outre les sarcasmes de toutes les fédérations voisines (les amateurs apprécieront le constat drôle et acerbe de ce blog de foot français), les foudres de la fédération européenne.

Pour couronner cet imbroglio, un ancien échevin d’Anderlecht décidait de faire du futur résident tchétchène une question éthique en lui adressant une lettre ouverte dans la presse, lui implorant de considérer les origines douteuses de l’argent qu’il toucherait dans son nouveau club. Quelle bonne idée ! Dans la même lignée, demandons la démission des chercheurs de diamant congolais et des mécaniciens de Bentley sous le prétexte que leurs plus gros clients sentent le soufre… En effet, ces braves travailleurs vivent sans doute aussi partiellement d’argent « sale » ; ce serait donc aussi éthiquement intolérable. Après tout, ce club tchétchène serait-il moins éthique que les dictatures d’Afrique et du Moyen Orient ou de nombreuses stars du football deviennent entraineurs ou conseillers techniques nationaux (cfr. l’emblématique Gerets, entraineur national du Maroc) ? De plus, le meilleur outil de démocratisation de la Tchétchénie reste sans doute l’ouverture au monde et la visibilité internationale dont la réussite sportive peut être un vecteur efficace. La mafia italienne l’avait bien compris lorsqu’elle tentait de chasser par tous les moyens le prodige Maradona du club de Naples.
En conclusion, ces situations anecdotiques (mais révélatrices ?) ne transpirent pas l’intelligence et le professionnalisme et, vue de loin, l’actualité belge des dernières semaines causait davantage de mélancolie déçue que de mal du pays… Oserait-on dire « pourvu que cela change » ?

*Hors sujet, nous noterons que cette règle d’alternance « un sou pour la Flandre, un sou pour la Wallonie » appliquée de plus en plus systématiquement en Belgique a pour cause principale l’oubli complet de Bruxelles, poumon économique, politique, diplomatique et financier du pays, rien que ca… (Offrir Calatrava à Liège –et bientôt à Mons ?–  mais laisser la Gare de Thalys et d’Eurostar du Midi  crouler sous un chaotique marché aux légumes, devrait normalement initier davantage de questions éthiques que le football).

Note : in fine, après écriture de ce billet, notre footballeur vedette rejoint le Daguestan plutôt que la Tchétchénie… Ca ne change pas grand-chose…

Surtout, n'oublions pas de faire du shopping

Si les singapouriens distraits oubliaient leur passion pour le shopping, des publicités poétiques prennent soin de la leur rappeler.

Shopping is weatherproof
Shopping is easy-breezy
Shopping is therapeutic
…Shopping is for everyone

mardi 1 mars 2011

Singapore's fertility rate

La perception populaire du défi singapourien exprimée sur une page de journal: comment résoudre le problème de renouvellement de la population sans gripper la belle mécanique libérale de prospérité et de (presque) plein emploi ?
En haut, une femme explique son licenciement abrupte et non justifié pendant sa grossesse ;
en bas, un lecteur propose d’inclure la taille de la famille dans les critères d’admission
(compétitive) dans les bonnes écoles primaires pour encourager les grandes familles
Le problème du taux de fertilité apparait dans le journal presque quotidiennement. La population et le gouvernement singapouriens ne veulent pas (trop) compter sur l’immigration pour assurer le renouvellement de la population. Peu favorable à l'augmentation d'incitants publics à l'agrandissement familial (congés de maternité et de paternité, déductions fiscales, etc.), le gouvernement singapourien hésite à perturber le marché du travail dynamique, flexible et ultralibéral qui leur a bien réussi, tant pour assurer une méritocratie efficace que pour attirer les talents et les investissements étrangers. Dans la pratique, le système actuel semble, en plus, atteindre un niveau d’égalité des sexes moins discutable qu’en Europe : l’immense majorité des femmes travaille et bénéficierait d'opportunis et de salaires comparables à ceux des hommes. Les effets secondaires désagréables paraissent logiques et prévisibles : une absence complète du travail à temps partiel et des congés de maternité réduits «au strict minimum» et jamais prolongés. L'article ci-dessus est certainement exagéré * (comme le confirmait un mandataire officiel le lendemain de sa parution); il révèle cependant l’attitude très libérale mais somme toute très égalitaire des employeurs (égalitaire dans le sens personne, homme ou femme, n’a beaucoup de droits sociaux). Les succès professionels des femmes singapouriennes seraient-ils alors la cause du manque de naissances? La question ne serait pas aussi simple...

En effet, quelques jours plus tard, sous la pression populaire, le ministre faisait de son côté une sortie pour expliquer pourquoi des politiques «à la scandinave» (longs congés de maternité et de paternité financés par le gouvernement) ne représentaient pas une solution au défi de fertilité de Singapour. 
D’après les chiffres officiels, le problème singapourien ne résiderait pas dans le nombre d’enfants par couple marié (qui serait proche du taux de renouvellement) mais dans la proportion de citoyens célibataires, ou plutôt «non marié (30 à 40% des hommes et femmes entre 30 et 34 ans). Le gouvernement doit donc en fait encourager les mariages plutôt que les naissances ! Cette statistique différencie Singapour des pays européens ou de nombreuses naissances ont maintenant lieu «hors mariage», une situation totalement absente à Singapour (car socialement peu acceptée). Dans un sujet comparable, Elisabeth Badinter temporisait déjà dans son dernier livre l’engouement pour le modèle suédois protecteur (mais aussi rigide et cloisonnant) qui engendrerait une allocation relativement unilatérale des métiers rémunérateurs, dynamiques et gratifiants aux hommes, concentrant les femmes dans les rôles plus administratifs et/ou «ingrats» dans les secteurs les moins rémunérateurs (et rendant du coup les comparaisons statistiques de salaires entre hommes et femmes impossibles puisque les deux sexes exercent des métiers différents).

Dans le cas de Singapour, la réussite professionnelle des femmes ne semble donc pas causer le manque de naissances puisque les couples mariés, encore largement majoritaires, assureraient leur renouvellement. On peut, sans doute, s'en rejouir, tant les talents feminins sont bienvenus dans le monde actif! La question singapourienne semble davantage se situer dans la compréhension d'un segment important de la population, hommes et femmes, qui ne souhaite pas fonder de foyer... Ca, c'est une autre question!

Au même moment, Hadrien aborde le thème des bébés à l’école et nous gratifie d’un dessin plein de bonheur de «Maman avec Guillaume dans son ventre». Même s’il est le seul à ne pas avoir vu sa maman enceinte, il semble bien comprendre le concept et n’oublie pas de rajouter, en dernière minute, un papa content dans la marge !
Il complète le tableau familial par deux portraits plus actuels de ses frères.
Guillaume, à gauche, a des grands yeux.
Aurélien, à droite, a des longs cheveux et des grandes oreilles.

* Les femmes enceintes sont légalement protégées et, après communication officielle de la grossesse au ministère, le congé de maternité est payé par le ministère qui refacture à l’employeur (pour éviter le cas précis de l’employée, licenciée peu avant son accouchement, qui devrait se faire payer par un employeur qu’elle a quitté). Ca fait tristement penser à la société planifiée de "SOS Bonheur" mais c'est logique et efficace (tant que ca ne dérape pas)!