Tigres au Lion - now Down Under

Tigres au Lion - now Down Under

samedi 31 mars 2012

Monoparental

Quand un parent s’absente pour quelques jours, la routine scolaire prend généralement un twist inhabituel pour mettre davantage à l’épreuve l’organisation monoparentale temporaire. Divers petits challenges plutôt mineurs pimentaient donc cette semaine que Sophie passait au Népal: un spectacle d’Hadrien à midi en semaine, une nage parrainée pour Aurélien et une fête de Pâques en classe pour les trois. Confiants en leur papa pour les tâches de routine, les enfants montraient malgré tout quelques doutes concernant la gestion des imprévus et masquaient mal leur inquiétude avant le départ de Sophie (pourtant ce n’est pas la première fois et papa n’a jamais vraiment foiré…).

« Comment papa s’occupera-t-il de nous dimanche s’il joue en interclubs? »
« Papa va-t-il ‘cuisiner’ le petit déjeuner qu’on amène en classe vendredi? »
« Hadrien sera-t-il le seul enfant sans parent lors de son spectacle? »
«  Papa sait-il qu’on peut aller en pyjama à l’école vendredi? » *

A posteriori, ces inquiétudes avaient peu de fondement et papa n’a pas démérité (mais il faut avouer qu’il était franchement bien aidé…). La preuve en photos!

La semaine d’hommes commence par un dimanche
gris et orageux. Déjà 
à cours d’idées,  on se rabat
sur une promenade dans les flaques à la recherche
de DVDs, de sushis et de chicken rice.
Pour la fête de Pâques en classe,
Aurélien opte pour la cravate,
Hadrien pour le pyjama et
Guillaume emm
ène son
pyjama dans son sac
(prudent)
Hadrien ne fut pas le seul enfant
sans parent mais, dans une
assemblée de shorts et de tongs
au grand complet, Cédric était
clairement le seul parent à s’être
déplacé du bureau (conjoint d’expat,
une alternative au travail?
**)  



















A la fin de la semaine, papa est quand même
- vachement content que maman ait pu revenir sans encombres du Népal malgré un passeport déchiré et un tremblement de terre le lendemain de son passage dans une région recluse
- infiniment reconnaissant que Nori ait sorti le grand jeu dans le support logistique
- plein de gratitude envers Mathilde qui a assuré deux boys-sitting de haute volée à des moments stratégiques
- très fier de ses fistons qui lui ont bien facilité la tâche


* un concept un peu spécial pour fêter Pâques en ce dernier jour du trimestre: les enfants vont à l’école en pyjama ou en tenue “habillée”/formelle. Si les enfants adorent se retrouver en pyjama à l’école, ils redoutent par contre toute la semaine de se tromper de jour (cauchemars à l’appui)!

** postulat de base dont les écoles internationales abusent en souhaitant la participation régulière de parents à toute heure du jour

mercredi 21 mars 2012

Faune tropicale

Photo prise dans un parc public de Singapour par un collègue de Sophie: un «Paradise tree snake» (serpent de l’arbre du paradis) dégustant une chauve souris.

Derrière un aspect relativement commun, le serpent d’Adam et Eve possède une mécanique interne qui lui permet de bondir et planer entre les arbres (explications dans le film ci-dessous)!

film 1: l'envol du serpent de l'arbre du paradis 
film 2: deuil d'une chauve-souris 

A côté de cela, le lézard coloré croisé dans la rue paraît bien peu de choses...

lundi 19 mars 2012

Patron vénéré

Les illustrations du billet «Intégration Culturelle» de novembre 2011 faisaient allusion à la déférence typiquement asiatique des employés vis-à-vis de leur patron. Les grands patrons en particulier jouissent d’un statut presque divin.

Chez Cédric, un branle-bas de combat de plusieurs jours précède chaque visite (pourtant régulière) du patron régional. Avant son arrivée, une activité frénétique s’empare de tout le bâtiment: la façade reçoit un lifting, les lignes de parking sont repeintes, des images de propagande et des logos additionnels complètent la décoration et les bureaux individuels sont rangés de fond en comble d’après des commandements précis. Le jour de la visite, plusieurs membres du management local (qui ne sont, somme toute, qu’un seul niveau hiérarchique sous l’illustre hôte) font le pied de grue dans l’entrée depuis l’aube, dans leurs plus beaux habits (les femmes en soie), pour l’accueillir formellement. Généralement, le grand chef reçoit pendant sa visite un cadeau spectaculaire (soit un trophée kitsch et scintillant soit une œuvre «d’art» locale volumineuse et de mauvais goût) dont il doit avoir une collection embarrassante.

La déférence ultime serait atteinte dans les quartiers généraux de Samsung à Seoul. Là-bas, quand arrive un membre de la direction générale, tous les portiques d’accès s’ouvrent devant lui pour lui éviter la honte de badger comme un plouc, les réceptionnistes s’alignent en haie d’honneur et s’inclinent sur son passage, et les ascenseurs restent immobiles, ouverts au rez-de-chaussée, 15 minutes avant son arrivée.


Pour l’inspection surprise, c’est raté…

Notre condo (suite)

Dans notre condo, un singapourien part au bureau tous les matins au volant de sa VW coccinelle de 40 ans. Le cliquetis mécanique et la bouille sympathique de la Cox offrent un spectacle rafraîchissant dans la ville de l’hyperconsommation et de l’ultramoderne, entre les voitures de prestige pimpantes briquées quotidiennement par les «maids».


Hommage à l’ingénierie simple et traditionnelle, la charmante ancêtre démarre, en plus, au quart de tour tous les matins, contrairement aux carrosses rutilants modernes dont l’électronique est parfois tournée en bourrique par l’humidité extrême du climat tropical (les BMW, malgré leur énorme succès commercial ici, sont surnommées «Buy More Work»).

mercredi 14 mars 2012

Médaille de Bronze

Aujourd’hui, la première page du Today arbore fièrement la 3ème place de Singapour dans la dernière étude d’attractivité des grandes villes de l’Economist Intelligence Unit. La ville du Lion complète un podium en belle compagnie, aux côtés de New York et Londres, devant Paris et Hong Kong!

Singapore, the most competitive city in Asia
L’étude, mandatée par Citigroup, tente de mieux comprendre les 120 villes les plus importantes du monde qui abritent 750 millions d’âmes et génèrent 29% du PNB mondial. Le classement refléterait la capacité des villes à attirer des capitaux, des talents, des touristes et des entreprises, tout en maintenant un environnement culturel, sain et agréable.


Si les villes chinoises dominent la catégorie «puissance économique», les villes américaines et européennes restent les références en «capital humain» (par leur aptitude à garder et développer les talents). 

Singapore Beats Hong Kong in Competitive Cities Ranking
Singapour, de son côté, marque des points en efficacité institutionnelle, infrastructure, maturité financière et attrait international mais peut mieux faire en capital humain (mesuré, entre autres, par le dynamisme entrepreneurial de la population) et en caractère social et culturel (où Singapour paye essentiellement sa liberté d’expression limitée même si, en réalité, le cadre lambda vivant à Singapour ne peut pas réellement se plaindre du manque d’opposition politique ni de la mainmise gouvernementale sur les medias, tant il en souffre peu, normalement).



Note: nos autres villes de cœur subissent des destins divers.
Chicago brille: 9ème (3ème ville américaine derrière New York et Washington).
Bruxelles déchante: 34ème (14ème ville européenne).

mercredi 7 mars 2012

Générosité ou compétitivité?

Le gouvernement singapourien a enfin entériné (à tout petits pas) l’instauration du jour de repos hebdomadaire pour les «maids» étrangères (Foreign Domestic Workers). 


Aussi incroyable que cela puisse paraître, les 200.000 «domestiques à demeure» (essentiellement philippines et indonésiennes) de Singapour n’ont un droit légal qu’à un jour de congé par mois. La plupart travaillent donc 12 heures par jour, sept jours sur sept.

Le sujet fut débattu pendant des mois et les courriers des lecteurs des principaux quotidiens ont regorgé d’arguments tantôt condescendants, "Si on leur donne trop de temps libre, elles font de mauvaises rencontres", tantôt effrayants de bêtise, "C’est le week-end, quand je suis en congé, que j’ai besoin d’être servi par ma «maid»" (ben tiens).

A partir de janvier 2013 (surtout ne rien octroyer trop vite), les nouveaux contrats bénéficieront donc par défaut d’un jour de congé par semaine. Bien sûr, pour éviter que certains singapouriens ne dépérissent pendant les 12 heures d’absence hebdomadaire de leur «maid», il est autorisé de «proposer» à sa «maid» de travailler pendant son jour de congé contre rémunération (mais comme ces employeurs-là sont typiquement adeptes du salaire minimum, leurs «maids» n’y gagneront pas une augmentation substantielle).

Malgré sa lenteur d’application et sa pingrerie, la nouvelle loi reste une avancée pour la condition de ces travailleuses étrangères, à tel point que même le Financial Times en fait état (sans oublier de mentionner la distance à parcourir vis-à-vis des conventions internationales). Avant de féliciter le gouvernement singapourien pour ce beau geste, il faut, en toute honnêteté, rappeler les circonstances qui ont «favorisé» cette «générosité». D’une part, l’attractivité de Singapour pour les «maids» bat de l’aile: les immigrantes lui préfèrent, de plus en plus, Hong Kong et le Moyen Orient. D’autre part, les gouvernements indonésiens et philippins s’intéressent progressivement aux conditions de leurs populations émigrées et ont récemment fait pression sur certains pays hôtes réputés pour leurs abus (en bloquant les flux d’émigrés vers l’Arabie Saoudite et la Malaisie). Si petit soit-il, le geste, aux conséquences limitées mais positives, ne semble donc pas complètement désintéressé…

"Maids in Singapore will be entitled to one day off
a week under new government regulations that
bring the country’s labour laws a step closer to
internationally agreed protections for domestic workers."

mardi 6 mars 2012

«Dans un voyage en absurdie…»

La lutte inflexible contre la drogue et le recours à la bastonnade dans l’arsenal judiciaire sont deux aspects célèbres de Singapour.
La possession et l’usage de drogue sont d’ailleurs bien souvent punis de coups de bâton, en supplément de peines de prison assez lourdes (la peine de mort s’applique par contre systématiquement en cas de trafic).
La bastonnade suit, comme toute chose à Singapour, des règles bien précises: les bourreaux suivent une formation rigoureuse et des spécifications détaillées régissent les cannes. Du côté des condamnés, une règle prédomine: la bastonnade ne s’applique qu’aux hommes de moins de 50 ans (quelle grande mansuétude…).
Grâce à ce point de règlement, un délinquant récemment condamné échappera à une partie de sa peine: depuis sa condamnation, il (elle) a changé de sexe en Thaïlande et ne pourra donc pas subir la bastonnade prévue! Ayant tâté du bâton dans une condamnation précédente, il (elle) a peut-être agi en connaissance de cause…

lundi 5 mars 2012

Notre condo

Notre grand et vieux condo abrite toutes sortes de résidents: des singapouriens, des indiens, des australiens, des européens, des jeunes couples, des familles, des pensionnés, des souriants, des râleurs, des sympas, des prétentieux...


Dans notre condo, la concierge indienne au grand sourire dit «Good morning Sir/Ma’am, have a nice day!» dès qu’elle croise quelqu’un, même à sept heures du soir.

Dans notre condo, un vieux monsieur chinois nage en cercle tous les jours pendant une heure. Comme les aiguilles d’une montre, sa lente progression est invisible à l’œil statique.

Dans notre condo, un des gardes effectue ses rondes (de 500 mètres) à mobylette (même à quatre heures du matin)*.

Dans notre condo, les «maids» philippines se réunissent dans le hall, matins et soirs, sous le couvert de la promenade des chiens (qui ne marchent dès lors jamais), pour une papote à l’abri d’employeurs abusifs. Après lobbying des employeurs susmentionnés, la copropriété sévère a retiré le banc qui les accueillait et instruit les gardes de disperser ces réunions subversives (notre conseil aux «maids»: organiser leurs réunions dans le second hall, inaccessible à mobylette). 
 
Dans notre condo, un énorme américain, tout droit sorti d’un clip de Puff Daddy, vient «enseigner» le basket à des petits singapouriens grassouillets et malhabiles. Parfois, la «maid» de la famille se tient derrière le panneau pour ramasser les balles (et ça, ça nous fait beaucoup moins rire).

Dans notre condo, des enfants indiens jouent au cricket dans les halls d’entrée.

Dans notre condo, les pensionnés jouent au tennis le matin, dans la température et la lumière douces du soleil levant. Nous leur jetons des regards envieux en partant travailler.

Dans notre condo, une famille australienne a trois filles adolescentes. Le matin, dans notre attente commune des bus scolaires, leurs démarches languissantes et leurs visages blasés nous inspirent un peu de compassion pour les parents. 

Dans notre condo, un appartement abrite une famille indienne de cinq enfants (+ deux «maids»). Dans notre condo, une famille d’amis français habite, malheureusement pour elle, sous l’appartement aux cinq enfants indiens.

Dans notre condo, des rumeurs inquiètes courent dès qu’apparaît l’ombre d’un promoteur. Datant de 1976, notre immeuble est (de loin) un des plus vieux de Singapour. Seule une poignée de propriétaires tenaces semble contenir les «O.P.A.» hostiles de promoteurs qui ont rasé le quartier pour ériger autour de nous des tours plus modernes et, surtout, (beaucoup) plus denses.

* Cela donne une vague idée de son utilité sécuritaire.

vendredi 2 mars 2012

Laos

Après un nouveau voyage de quelques jours la semaine dernière, Sophie nous ramène un avant-goût partiel et partial du Laos (et quelques photos prises au passage, tant que faire se peut, avec son téléphone).


Serré entre la Thaïlande (à l’ouest) et le Vietnam (à l’est)*, le Laos est à la fois moins peuplé (seulement 6 millions d’habitants), moins vaste (mais grand comme le Royaume-Uni quand même) et moins célèbre que ses voisins. Contrairement à eux, il n’est pas (encore) inondé par les flux de touristes: les voyageurs croisés dans la capitale Vientiane sont, pour l’essentiel, des routards baba-cool qui prennent leur temps (un peu comme les laotiens, toujours souriants et détendus). Habitants et touristes semblent donc assortis à cette ville qui surprend par son calme et sa bonhomie, bien éloignés de la frénésie bruyante typique du Sud-Est asiatique: pas de circulation animée, peu de mobylettes, pas d’attrape-touristes… Les nombreuses traces de l’Indochine française** (nom de rues, enseignes, bâtiments) et les temples au style thaïlandais (la Thaïlande est à 1 kilomètre) confèrent à Vientiane une atmosphère empreinte de nostalgie. Pourtant, le pays "au million d'éléphants" ne se complaît pas dans l'inaction et a trouvé la recette d'une croissance économique digne de la région!

Comme le Vietnam (et dans une moindre mesure le Cambodge),
le Laos est une république «démocratique populaire», «socialiste»,
dont le parti unique descend du communisme mais a compris
tout l’attrait économique de s’ouvrir au monde.







Le Laos compte un fan de plus dans la famille
 
* Le Laos possède aussi des petites frontières avec la Chine et la Birmanie (au nord) et avec le Cambodge (au sud)
** actuellement Vietnam, Laos et Cambodge