Ce samedi, les singapouriens votent. Le verdict des urnes fait peu de mystères et reconduira certainement le People’s Action Party, au pouvoir depuis toujours.
A Singapour, l’opposition est tolérée, poliment écoutée, mais soigneusement évitée et discrètement rabrouée.
Le gouvernement mentionne les élections depuis des mois mais n’a arrêté la date précise que quelques semaines avant le vote. Cet effet de dernière minute permet non seulement de prendre l’opposition au dépourvu dans ses préparatifs, mais aussi de choisir, avec une précision chirurgicale, le moment optimal du vote (pour le gouvernement) en fonction du climat politique, économique et social.
Pour plomber davantage l’opposition, le gouvernement utilise notoirement mais subtilement les menaces et les réprimandes. Peu de singapouriens ignorent que les quartiers élisant un membre de l’opposition tomberont inéluctablement « en bas de la pile » dans l’organisation des chantiers de rafraichissement des logements publics ou d’aménagement de parkings…
Le Minister Mentor Lee Kuan Yew, père fondateur de la nation et créateur du PAP, s’en cache à peine lorsqu’il menace vigoureusement un quartier, « Aljunied », qui déchaine les passions depuis quelques semaines en raison de sa propension annoncée à voter pour l’opposition.
Sur cette ile riche, sure et prospère, l’immigration est le sujet principal de l’opposition. Entre l’afflux de main d’œuvre philippine et les cadres expatriés venus du bout du monde, certains singapouriens se croient pris en tenaille… La sagesse populaire vient néanmoins de la bouche de notre moniteur de tennis local : « Nous avons tous des économies, un toit, et une pension. Nos dirigeants ne sont pas corrompus et les caisses de l’Etat sont pleines, même après la crise. Les singapouriens ne connaissent pas leur chance car ils ne voyagent pas assez. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire