Chez Cédric, un branle-bas de combat de plusieurs jours précède chaque visite (pourtant régulière) du patron régional. Avant son arrivée, une activité frénétique s’empare de tout le bâtiment: la façade reçoit un lifting, les lignes de parking sont repeintes, des images de propagande et des logos additionnels complètent la décoration et les bureaux individuels sont rangés de fond en comble d’après des commandements précis. Le jour de la visite, plusieurs membres du management local (qui ne sont, somme toute, qu’un seul niveau hiérarchique sous l’illustre hôte) font le pied de grue dans l’entrée depuis l’aube, dans leurs plus beaux habits (les femmes en soie), pour l’accueillir formellement. Généralement, le grand chef reçoit pendant sa visite un cadeau spectaculaire (soit un trophée kitsch et scintillant soit une œuvre «d’art» locale volumineuse et de mauvais goût) dont il doit avoir une collection embarrassante.
La déférence ultime serait atteinte dans les quartiers généraux de Samsung à Seoul. Là-bas, quand arrive un membre de la direction générale, tous les portiques d’accès s’ouvrent devant lui pour lui éviter la honte de badger comme un plouc, les réceptionnistes s’alignent en haie d’honneur et s’inclinent sur son passage, et les ascenseurs restent immobiles, ouverts au rez-de-chaussée, 15 minutes avant son arrivée.
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