En quête (d’un peu) d’espace et de calme, nous avons quitté ce week-end le
cœur commercial de Singapour pour rejoindre le quartier proche mais plus
récréatif et moins dense de Holland Village (cela ne s’invente pas).
Cela nous permet de maintenir notre rythme de croisière (6ème résidence en 14
ans de mariage –en ayant «traîné» 5 ans dans la première–) et de poursuivre
notre étude du métier de déménageur (les belges qui ont envoyé nos affaires à Singapour
gagnent la triple palme de l’incompétence, de l’antipathie et de la cherté! On
leur en veut toujours, ca se voit?). L’époque où les copains venaient porter une
poignée de meubles et une dizaine de caisses en échange de bières et de
baguettes est malheureusement bien révolue (on vieillit: on accumule plus qu’on
élimine!). Cette fois, nous avions choisi une équipe de déménageurs singapouriens-chinois
sympathiques, rigolards, et bienveillants sous leurs airs de ‘cowboys’ pressés.
Ils nous ont offert un regard amusant sur notre vie d’européens qui leur paraît
tellement spéciale:
- Notre télévision, dont la taille semblait plus
qu’honorable en Belgique, a été étiquetée «small TV»; ils se demandent
toujours où viendront les 2 ou 3
«vraies» télés du foyer.
- Corollaire de la «petite» télévision, la tonne de
livres les a encore davantage surpris (et un peu fatigués): «So many books lah,
this is a library!».
- Les vélos des grands enfants, tellement inhabituels (et
d’ailleurs inutiles à Singapour), ont carrément été oubliés sur le parking de
l’ancienne résidence.
A notre installation à Singapour, les déménageurs indiens nous avaient
impressionnés en faisant tout pieds nus (même porter des meubles lourds et
acérés). Nous avons maintenant découvert l’équivalent chinois: tout en tongs,
avec la délicate habileté de chaque fois reposer les tongs à l’entrée de l’appartement (qui
est pourtant dégueulasse et inhabité) sans lâcher le meuble porté. Aussi, même si nous
connaissions le côté «cash» assez typique des chinois, on ne s’attendait pas à
entendre chaque membre de l’équipe nous demander tour-à-tour les loyers précis
des deux appartements…
Enfin, ces deux jours de coopération nous ont permis d’enrichir notre
Singlish. Nous connaissions bien sûr le «lah» classique de fin de phrase (équivalent
du «quoi» chez les Chtis), nous maîtrisions les «leftaaah», «rightaaah»
et «straightaaah» pour diriger les taxis, mais nous ignorions le «fragila»
pour les objets vraiment fragiles!