La semaine a démarré sur les chapeaux de roues pour les autorités de censure de
Singapour. Aujourd’hui, la MDA (Media Development Aurthority) vient de tuer
dans l’œuf un petit film singapourien qui faisait le buzz. «Sex.Violence.FamilyValues»,
une comédie décalée sur Singapour par des singapouriens, vient de recevoir le
label exceptionnel NAR (Not Allowed for All Rating) qui interdit sa diffusion sur l'île. Selon
les autorités, l’humour du film égratigne trop la communauté indienne et toutes
les séances cinéma prévues aujourd’hui ont été annulées sur-le-champ.
La décision fut peut-être légèrement influencée par l’autre «scandale
raciste» de la semaine qui se dénouait hier par le licenciement d’une cadre de
NTUC (le syndicat unique de Singapour). Ici encore, la vitesse d’action (décuplée
par l'utilisation intensive des réseaux sociaux) impressionne. Dimanche soir, Mme Cheong s’énerve sur le
bruit d’un mariage malais et publie un petit commentaire agacé, vaguement impoli et dénigrant,
sur Facebook. Quelques heures plus tard (dans la nuit), deux pétitions (sur
Facebook) suggèrent son licenciement. Lundi matin, Mme Cheong (dont la presse livre le nom et le profil en
pâture au public) est effectivement licenciée (suite à la plainte officielle d’un
citoyen). Elle émet de suite un communiqué d’excuses à la communauté malaise et les
ministres embrayent en condamnant ses propos racistes. Lundi après-midi, son
poste libéré apparaît sur les sites d’emplois et son compte Facebook a disparu
de la toile!
Nous avons loué à plusieurs reprises l’admirable harmonie entre les communautés
de Singapour. Cette harmonie se paye-t-elle obligatoirement au prix de la liberté
d’expression? Le débat n’est certainement pas clos…
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