Tigres au Lion - now Down Under

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mardi 1 mars 2011

Singapore's fertility rate

La perception populaire du défi singapourien exprimée sur une page de journal: comment résoudre le problème de renouvellement de la population sans gripper la belle mécanique libérale de prospérité et de (presque) plein emploi ?
En haut, une femme explique son licenciement abrupte et non justifié pendant sa grossesse ;
en bas, un lecteur propose d’inclure la taille de la famille dans les critères d’admission
(compétitive) dans les bonnes écoles primaires pour encourager les grandes familles
Le problème du taux de fertilité apparait dans le journal presque quotidiennement. La population et le gouvernement singapouriens ne veulent pas (trop) compter sur l’immigration pour assurer le renouvellement de la population. Peu favorable à l'augmentation d'incitants publics à l'agrandissement familial (congés de maternité et de paternité, déductions fiscales, etc.), le gouvernement singapourien hésite à perturber le marché du travail dynamique, flexible et ultralibéral qui leur a bien réussi, tant pour assurer une méritocratie efficace que pour attirer les talents et les investissements étrangers. Dans la pratique, le système actuel semble, en plus, atteindre un niveau d’égalité des sexes moins discutable qu’en Europe : l’immense majorité des femmes travaille et bénéficierait d'opportunis et de salaires comparables à ceux des hommes. Les effets secondaires désagréables paraissent logiques et prévisibles : une absence complète du travail à temps partiel et des congés de maternité réduits «au strict minimum» et jamais prolongés. L'article ci-dessus est certainement exagéré * (comme le confirmait un mandataire officiel le lendemain de sa parution); il révèle cependant l’attitude très libérale mais somme toute très égalitaire des employeurs (égalitaire dans le sens personne, homme ou femme, n’a beaucoup de droits sociaux). Les succès professionels des femmes singapouriennes seraient-ils alors la cause du manque de naissances? La question ne serait pas aussi simple...

En effet, quelques jours plus tard, sous la pression populaire, le ministre faisait de son côté une sortie pour expliquer pourquoi des politiques «à la scandinave» (longs congés de maternité et de paternité financés par le gouvernement) ne représentaient pas une solution au défi de fertilité de Singapour. 
D’après les chiffres officiels, le problème singapourien ne résiderait pas dans le nombre d’enfants par couple marié (qui serait proche du taux de renouvellement) mais dans la proportion de citoyens célibataires, ou plutôt «non marié (30 à 40% des hommes et femmes entre 30 et 34 ans). Le gouvernement doit donc en fait encourager les mariages plutôt que les naissances ! Cette statistique différencie Singapour des pays européens ou de nombreuses naissances ont maintenant lieu «hors mariage», une situation totalement absente à Singapour (car socialement peu acceptée). Dans un sujet comparable, Elisabeth Badinter temporisait déjà dans son dernier livre l’engouement pour le modèle suédois protecteur (mais aussi rigide et cloisonnant) qui engendrerait une allocation relativement unilatérale des métiers rémunérateurs, dynamiques et gratifiants aux hommes, concentrant les femmes dans les rôles plus administratifs et/ou «ingrats» dans les secteurs les moins rémunérateurs (et rendant du coup les comparaisons statistiques de salaires entre hommes et femmes impossibles puisque les deux sexes exercent des métiers différents).

Dans le cas de Singapour, la réussite professionnelle des femmes ne semble donc pas causer le manque de naissances puisque les couples mariés, encore largement majoritaires, assureraient leur renouvellement. On peut, sans doute, s'en rejouir, tant les talents feminins sont bienvenus dans le monde actif! La question singapourienne semble davantage se situer dans la compréhension d'un segment important de la population, hommes et femmes, qui ne souhaite pas fonder de foyer... Ca, c'est une autre question!

Au même moment, Hadrien aborde le thème des bébés à l’école et nous gratifie d’un dessin plein de bonheur de «Maman avec Guillaume dans son ventre». Même s’il est le seul à ne pas avoir vu sa maman enceinte, il semble bien comprendre le concept et n’oublie pas de rajouter, en dernière minute, un papa content dans la marge !
Il complète le tableau familial par deux portraits plus actuels de ses frères.
Guillaume, à gauche, a des grands yeux.
Aurélien, à droite, a des longs cheveux et des grandes oreilles.

* Les femmes enceintes sont légalement protégées et, après communication officielle de la grossesse au ministère, le congé de maternité est payé par le ministère qui refacture à l’employeur (pour éviter le cas précis de l’employée, licenciée peu avant son accouchement, qui devrait se faire payer par un employeur qu’elle a quitté). Ca fait tristement penser à la société planifiée de "SOS Bonheur" mais c'est logique et efficace (tant que ca ne dérape pas)!

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