Tigres au Lion - now Down Under

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dimanche 2 juin 2013

Le monde à l’envers

Depuis un peu plus d’un mois, la famille vit éparpillée entre l’équateur et «down under». Séparés dans deux villes que tout oppose, nous peinons à fixer nos repères: Cédric vit à l’hôtel au quotidien en Australie mais dort «à la maison» lors d’un business trip à Singapour; Hadrien aussi a perdu trace de son domicile entre les visites d’écoles à Melbourne, les venues express de Cédric à Singapour et la perspective d’un séjour estival en Belgique!

Pour tous, un trajet Melbourne-Singapour représente bien plus que les huit heures d’avion, tant l’écart entre les deux mondes surprend. Si Singapour est une jeune starlette, pimpante et narcissique, abusant de chirurgie et accumulant les parures, Melbourne joue au vieux baroudeur, sûr de son charme, qui ne cache ni son âge ni ses cicatrices. Loin d’être une reine de beauté architecturale, Melbourne exhibe sans fausse pudeur ses bâtiments semi-anciens et ses vieilles ruelles réaffectées. Le glamour propret et high-tech, c’est pas trop son truc; le soin et la précision, elle garde cela, avec brio, pour ses majestueux parcs publics. D’ailleurs, la mode féminine locale et les voitures Holden «made in Australia» démontrent que le raffinement et l’esthétisme ne sont pas les qualités premières australiennes (les bottes Ugg sont d’ailleurs leur contribution au marché de la chaussure). 

Melbourne Cricket Ground, Rod Laver Arena et AAMI Stadium




Par contre, la cool-attitude, l'excellence dans la détente et l'amour du grand air qui les opposent tant aux singapouriens, donnent à la ville une âme festive, sportive et conviviale.


 
Si les singapouriens sont obsédés de bouffe et planifient leur lunch dès leur arrivée au bureau, les australiens sont plutôt captivés par l’alcool: il n’est pas impossible de se faire proposer un meeting «beer o’clock» à 14h au bureau et le tax-free de l’aéroport de Melbourne propose des dégustations de whisky et de gin dès 7h du matin!
Après le climat équatorial très bien décrit par un pilote Jetstar à l’atterrissage *, Melbourne représente un retour aux saisons. On nous l’a bassiné mille fois, Melbourne aurait même «four seasons in a day». Sirotant une bière en terrasse, les melbourniens se plaignent parfois des variations capricieuses de l’automne actuel qui rendrait pourtant jaloux certains étés belges!
A Melbourne, on redécouvre aussi les symboles d’une vraie démocratie :
-      3 manifs en une semaine; Singapour nous avait presque fait oublier que ça existait (il n’y a pas d’austérité budgétaire en Australie et le mariage gay ne passionne pas les foules mais nous en avons les manifs quand même, belle solidarité mondiale!)
-      Une certaine gestion des travaux publics: la grand-roue de Melbourne (Melbourne Star, dont les 7 branches représentent l’étoile du drapeau australien) inaugurée en 2008 avec deux ans de retard n’est toujours pas opérationnelle. La concurrente singapourienne (Singapore Flyer), plus grande, inaugurée en 2008 aussi, est l’une des attractions les plus anciennes de la ville et a déjà entretemps changé de sens de  rotation sur les conseils de maîtres Feng Shui…

Enfin, après le Singlish singapourien, l’Australie nous confronte à un nouvel anglais dont l’accent paraît souvent fort abordable (les néo-zélandais par contre sont impigeables). Le piège ici réside plutôt dans le million de petits diminutifs en «ie» qui, derrière leur connotation infantile, compliquent franchement la compréhension lorsqu’ils s’accumulent dans une phrase :
-      Aussie pour Australia (jusque-là, facile)
-      Tassie pour Tasmania (on peut s’y faire)
-      Footy pour football (australien, pas soccer – on s’y fait vite)
-      Barbie pour barbecue (très perturbant celui-ci par contre!)
-      Kindy pour kindergarten
-      Brekkie pour breakfast
-      Sickie pour sick day
-      Sunnies pour sunglasses
-      Truckie pour camionneur (pouet pouet)
-     
Bref, la paresse (transitoire?) du blog reflète mal la trépidante activité cérébrale et émotive que notre grand écart géographique impose!



* «Welcome to Singapore, the weather today is the same as it has been for the last 30.000 years: 32 degrees with chances of rain in the afternoon»

5 commentaires:

  1. Et les Bee Gees, finalement, ils viennent de Singapour ou de Melbourne? Céline

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    1. haha, c'est comme résidents australiens qu'ils ont lancé le groupe et connu leurs premiers succès mais ils sont anglais, nés sur l'île de Man... En gros, personne ne veut se les attribuer :-)

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  2. Sickie... si tu connais deja ce mot après ces quelques semaines a Melbourne, c'est que les australiens et les singapouriens ne sont pas si differents ahah - t'as droit a combien de medical leave alors???? Marie

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    1. haha, j'avoue que j'ai trouvé celui-là dans le guide de voyage. Non non, les travailleurs australiens ne sont pas des chochottes :-)
      Les 'personal leaves' n'atteignent pas le petit jour mensuel de 'MC' que les singapouriens s'offrent dès qu'ils ont un peu mal au ventre :-)

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  3. Il y avait longtemps que je ne m'étais pas promenée sur votre blog!! Vous faites plaisir à voir, malgré le matelas parterre!! Non,non je ne vais pas pleurer!!
    Je revis aussi les moments intenses vécus à chaque déménagement, les derniers ... et l'excitation de la découverte :-)
    Votre maison vue sur la mer va changer du vue sur les tours et les grues!!
    Bel été/hiver et bonne installation à vous cinq.
    Bises Cecile et Laurent (par procuration)

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