Dans les journaux, sur le net, dans les conversations, c’est LA photo qui fait du bruit à Singapour : une « maid » philippine portant le sac militaire de son employeur singapourien.
Pour la communauté étrangère, la photo reflète simplement les débordements quotidiens observés dans la vie publique, pas tellement plus choquante que ces petites dames qui font leur shopping le cœur léger et les bras ballants, suivies par une « maid » chargée du portefeuille, de l’Iphone, du parapluie et des sacs de courses.
Pour les singapouriens, au contraire, les craintes sont beaucoup plus profondes et ne traitent pas de la condition des « maids » étrangères (dont ils se soucient somme toute assez peu) mais plutôt de l’éducation de leur propre jeunesse. Depuis quelques temps, des voix s’inquiètent du niveau de compétence réel de la nouvelle génération élevée dans un confort princier par des grands-parents béats et des « maids » soumises. D’après la vision pessimiste, les jeunes adultes singapouriens n’ont jamais fait leur lit, ne savent pas cuire un œuf et auraient une fâcheuse tendance à pantoufler (au point de ne pas porter leur propre sac à l’armée !).
Pour l’armée aussi, la photo tombe à un très mauvais moment. Elle vient d’achever une grande campagne publicitaire, axée sur le coté humain et prestigieux de l’armée, qui devait l’aider à booster son recrutement dans un contexte démographique vacillant. La campagne montrait des fiers parents, sœurs ou fiancées avec leur soldat sous le thème « My son/brother/boyfriend, our Army, our Singapore ». Hormis le sexisme qui lui fit complètement oublier les 10% de femmes dans l’armée, la campagne s’avéra touchante et fut assez bien reçue.
My Boyfriend Our Army -Our home, our Singapore, our Army- |
Bien entendu, la photo scandaleuse a immédiatement inspiré des parodies « My maid, our Army » qui ont sans doute sérieusement écorné le bénéfice de la longue (et onéreuse) campagne.
My Maid Our Army |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire