On aime beaucoup la Belgique. Vraiment. Même si on donne faussement l’impression
de la fuir. Nos enfants, eux, l'adorent et en sont extrêmement fiers, comme
nous l'avons déjà répété à maintes reprises.
La
présence diplomatique belge à Singapour, par contre, on l'aime moins.
D’abord, pour
commencer soft, il y les jours de fermeture de l’ambassade qui combinent les
jours fériés singapouriens ET les jours fériés belges (c’est pas une blague). Franchement,
pourquoi? Qui d’autre glande à Singapour les jours de l’Armistice, de la
Pentecôte, de l’Ascension, de la fête du Roi (et j’en passe)?
Ensuite,
il y a la fête du Roi justement qui, chaque année, snobe une bonne part de la communauté
belge et transforme donc en une frustration vexatoire la belle idée patriotique
de nous réunir une fois par an. Pourtant, le partage convivial, dans une salle d’hôtel chichement décorée, de
bières offertes par AB-Inbev semble suffisamment basique pour que l’ambassade ne
doive pas recourir à un tirage au sort mystérieux (aux résultats suspects) pour
sélectionner ses invités parmi l’énoooorme communauté belge de Singapour.
Si, en plus, après sa petite kermesse, l’ambassadeur utilise la gazette de l’association belge pour réprimander comme un caporal-chef les quelques monarchistesun peu éméchés
qui ont joué avec les mini-drapeaux de son excellence, la
célébration royale perd vraiment tout son sens (N.B. c'était pas nous!).
Si, en plus, après sa petite kermesse, l’ambassadeur utilise la gazette de l’association belge pour réprimander comme un caporal-chef les quelques monarchistes
Enfin, il
y a toutes ces petites interactions qui se révèlent systématiquement décevantes
alors qu’elles représentent notre seul lien officiel avec la patrie.
On avait
un peu râlé quand l'ambassadeur avait barricadé verrouillé sa villa
de fonction et observé, de loin depuis son salon climatisé,
quelques familles du peuple belge cramer et transpirer à grosses gouttes autour d'œufs de Pâques dans son jardin plombé de soleil (et équipé de toilettes de chantier infréquentables dans la fournaise).
On avait
difficilement accepté le surréalisme de notre diplomatie devenue
monolingue quand une employée néerlandophone de l'ambassade avait dû appeler
une collègue singapourienne à la rescousse pour répondre en français
(impeccable ceci dit) à une question routinière.
Nous
n'avons même plus essayé de comprendre notre farce force
diplomatique ce matin quand la même employée a fait semblant de s'affairer bien
loin du guichet pendant 20 minutes avant de saluer Sophie en anglais (derrière
son panneau "Ici, on vous sert en français - Hier bedienen wij u in het Nederlands")
et de lui expliquer, sans sympathie ni honte, que les renouvellements de
passeports, malgré leur prix significatif, ne se paient qu'en cash (pourquoi pas en petits coupures usagées aussi?).
Avouons-le,
quand les douanes indonésiennes nous font poireauter dans une file
foireuse pour un cachet bidon à payer cash, l'une ou l'autre pensée
irrespectueuse ("%&?!!&*^$%
d'apparatchiks corrompus") nous traversent vaguement l'esprit
(surtout Cédric). Cela ne nous arrivera plus, c'est promis.
Vous l'avez compris: on s'est déjà déplacé pour rien à l'ambassade, on a fait une insolation à l'ombre de toilettes de chantier à Pâques (il y a deux ans), on n'est pas toujours invité à la fête du Roi, on n'est pas très patient dans les files et, comme les belges restés au pays, on aime bien se plaindre de l'administration!
Vive le Roi!