A plusieur égards, le cap
des deux ans à Singapour revêt une symbolique particulière. Nous avons entendu dire
plusieurs fois "after 2 years in Singapore, either you love it or you hate
it". Nous ne sommes pas aussi catégoriques. D’ailleurs,
notre bilan «j’aime – j’aime pas» de janvier 2011 reste plus ou
moins d’actualité. Des copains hollandais demandaient plus simplement "2
jaar in Singapore, is dat iets om te vieren of om te treuren?". En toute
franchise, pour célébrer nos deux ans à Singapour, nous avons fréquenté le
Chili's, favori des enfants, et bu quelques verres de Shiraz américain. Nous
n'avons pas sorti le champagne (pour lequel nous inventons pourtant des excuses
plus foireuses), nous n’avons pas traîné nos tongs dans un foodcourt typique en
guise d’hommage, et surtout, nous n’avons pas vraiment marqué le coup. Cela
répond sans doute à la question hollandaise.
Seulement, le cap des deux ans s’avère bien plus tangible que
symbolique. Suivant les cycles des baux locatifs (deux ans) et des
expatriations (typiquement 3 ans), beaucoup de choses changent en deux ans.
En deux ans, beaucoup d’amis ont quitté Singapour. D’autres sont arrivés
mais la nostalgie des premières rencontres ne s’efface pas.
Dans le condo, presque tous les visages familiers ont disparu. Les voisins-amis-babysitters français
ont rejoint la France et, maintenant, les «anciens» c’est
nous! D’ailleurs, déjà en fin de bail, nous préparons à notre tour un nouveau déménagement...
Dans l’environnement ultra-mobile de Singapour où même les repères de
base bougent tout le temps, on a parfois du mal à suivre: les relations vont
et viennent, les bureaux déménagent, les adresses changent*, les immeubles
tombent et renaissent, les voisins ses succèdent, les chantiers s’enchaînent. A
vrai dire, après deux ans, on cherche un peu notre second souffle… comme notre
vieux condo qui tente de faire peau neuve…
* Notre adresse a même changé sans que nous déménagions!